Apparemment, les tombeurs d’Alpha Condé crient au loup de ce qui prévalait au sommet de l’Etat comme le signe qui a constitué le fait déclencheur du coup d’Etat à la date du 5 septembre 2021. En tout cas, ce pan du discours est relatif à la sortie du président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya, le dimanche 31 octobre 2021, en prélude du 1er novembre 2021, s’agissant de la date anniversaire de la création de l’armée guinéenne.
À cette occasion, aucune partie de son allocution n’a fait mention sur comment sortir rapidement de cette transition. La démarche ressemble fort probable à un « couper-coller » du CMRN qui a pris le pouvoir après la mort du président Ahmed Sékou Touré. Une forme d’amnistie est dédiée en faveur des prisonniers, la réconciliation est prononcée à l’anglaise, les louanges cartonnent par-ci par-là, le peuple se recouvre dans un suivisme passif en regardant tout cela avec prudence – et tout en se souvenant des fictions d’une époque récente, c’est le cas de Moussa Dadis Camara, qui a tenté de confisquer le pouvoir au grand dam de ses promesses tant vantées au départ. Disons en peu de mots, les Guinéens sont habitués à voir tout ça, s’agissant de l’utopie du paradis qui se dit dans les discours des hommes en treillis. Alors qu’au Mali tout près, ce pays si vaste n’arrive toujours pas à sortir du trou depuis la chute du président Ibrahim Boubacar Keita alias IBK.
Les putschistes guinéens commencent à inquiéter l’opinion par leur volonté mise en avant de rassembler et de réconcilier tous les Guinéens. Ils nous parlent encore de refondation de l’Etat et de l’administration, une expression lourde de sens. Ils entendent lutter aussi contre la corruption et les travers qui ont compromis le développement du pays… Sur toute la ligne, les esprits intelligents savent désormais où se dirige la Guinée sous le CNRD, dont le département des Affaires étrangères est géré par un cascadeur qui n’a apparemment pas peur à rétorquer sciemment la CEDEAO de laisser le pays en paix.
Alpha Condé a chuté, mais l’honorabilité pour la classe politique guinéenne était par exemple d’exiger aux militaires le respect de l’ordre constitutionnel permettant au président de la neuvième législature de gérer la transition pour une période ne dépassant pas six mois. Mais par des calculs politiques, ceux-ci estiment trouver des stratagèmes ailleurs pour amener les putschistes à transférer le pouvoir aux civils à travers d’élections libres et transparentes. Mais à quand ?
Par Saran Camara