Le Grand Remplacement
Décidément le Grand Remplacement semble une véritable obsession française. Symptôme d’un malaise sociale sur fond de crise économique mais aussi des valeurs humaines, hantise d’un déclassement du statut de puissance européenne de 1er plan, le grand remplacement confine à la névrose. Ses idéologues inquiets le voit partout : sur le plan ethnique dans cette immigration colorée, turbulente et dynamique, sur les plans économique et géostratégique où l’hégémonie française est de plus en plus contestée et recule.
Mais alors qu’il est fantasmé dans l’hexagone, il prend des allures bien réelles ailleurs, notamment au Mali. Pour les stratèges gaulois, le grand remplacement géostratégique dans cette partie du monde revêt un enjeu vital pour leurs intérêts, car perdre pied dans ce territoire accélérerait l’inéluctable déclin de la France.
Or, en théorie en lutte contre le terrorisme, la France, bien loin d’accueillir toute bonne volonté se joignant à cette lutte, pousse des cris d’orfraie lorsqu’il s’agit de la Russie. Alors pourquoi cette panique, cette hystérie déclenchées par tout ce qui évoque la présence russe, qui, pourtant, a prouvé sa redoutable efficacité sur d’autres terrains ?
Première historique dans les annales des relations diplomatiques, un début de réponse nous est parvenu par la voix officielle du 1er ministre malien qui avait dénoncé l’implication de la France dans la formation et le financement des terroristes. Et l’interminable convoi militaire traversant plusieurs pays pour se rendre au Niger, relayé par les réseaux sociaux avait suscité bien des interrogations et des suspissions. On prêtait alors à l’armée française des occupations beaucoup moins avouables que les missions pour elle était sensée s’employer.
Au cours d’une interview accordée à la télévision malienne, monsieur Choguel Kokalla Maiga n’a pas manqué de faire part de son indignation quant à la situation de son pays et cette aberration absolument ahurissante voulant que la majeure partie du Mali se trouve sous la domination de la France et que celle-ci en a exclu l’armée malienne. N’est-ce pas là la mise en oeuvre de ce fameux grand remplacement ?
Ainsi donc l’ancien colon a créé une zone d’exclusivité dans laquelle il ne veut souffrir aucun regard indiscret sur ses agissements et ses véritables objectifs : d’une part le prélèvement des ressources naturelles du sol malien et d’autre part la version française du containment de l’influence algérienne dans la région. En créant des zones de tensions à ses frontières elle fait obstacle au développement de l’Algérie, destinée à devenir une grande puissance, ne serait-ce qu’en sabordant le projet du Nigal.
C’est pourquoi l’Algérie doit user de toute sa diplomatie et appuyer de tout son poids pour aider le Mali à sortir de l’ornière. Il s’agit là d’un enjeu majeur non seulement pour les 2 pays mais également pour tout le continent. L’Algérie doit donc contribuer à armer et former les militaires maliens. Elle ne doit surtout pas manquer une occasion unique et historique de bâtir une alliance solide avec notre voisin du sud, noyau d’un futur bloc économique où ils seraient les têtes de file.
Partenariat stratégique algéro-malien
Les possibilités d’investissements sont innombrables, mais pour l’heure, il s’agira sans doute d’appeler à réquisitionner les gros avions transporteurs, à les louer à la Russie pour approvisionner le Mali en produits de première nécessité afin de l’aider à surmonter l’embargo auquel il a été soumis. Dans un second temps, nos industriels devraient investir dans des usines de production (huile, sucre, etc) pour conquérir plus tard le marché régional. Développer les infrastructures du pays, notamment au nord, permettra la création d’emplois d’une part et de fixer les populations dans cette partie de la région, ce qui en outre boosterait les échanges économiques.
Quant au renforcement de ses institutions, préalable à l’instauration d’un état fort garant de la stabilité, de l’unité, de l’intégration territoriale et de la sécurité de ses citoyens, le Mali pourra s’appuyer sur l’expérience de l’Algérie : lutte contre la corruption, ANIE pour les élections, moralisation de la vie politique, coopération dans le renseignement (satellites algériens, lutte antiterroriste, criminalité, contrebande transfrontalière), etc.
A l’instar de l’Algérie, le Mali est voie de retirer la langue française des administrations. Nous suggérons de la remplacer par l’arabe en tant que langue officielle afin de ne privilégier aucun dialecte au dépend d’autre, l’anglais étant, quant à lui une autre langue coloniale. Sans oublier le retrait du franc CFA qui devra être soumis à un référendum populaire, et dont l’issue ne fait aucun doute eu égard à la maturité et au niveau de conscience du peuple malien.
Nettoyer les écuries d’Augias
Il ne faudra cependant pas négliger ou sous-estimer la vindicte et les représailles de l’ancien colon qui ne se laissera pas évincer sans une lutte acharnée.
Nous devrons donc, Algériens et Maliens, demeurer extrêmement vigilants quant aux plans de déstabilisation et de divisions (sur des bases éthiques ou religieuses), et prendre garde aux guerres de 4ème et 5ème génération, fake news, opérations false flag, diabolisation des véritables partenaires (prétendues exactions russes, agenda caché de l’Algérie, pseudo racisme anti-noirs, etc), grèves sauvages, spéculation, etc.
Il faudra encore compter, comme cela a été le cas pour l’Algérie, avec des ONG, des individus qui iront déposer plainte auprès de l’ONU, l’UE pour qu’ils sanctionnent le pays au nom de la démocratie, des droits de l’homme, de la liberté d’expression, détenus d’opinion, etc.
C’est pourquoi il s’agira d’exposer et dénoncer toutes les parties pseudo-democratiques inféodées à l’étranger, tous les discours séparatistes, ou liés à des extrémistes radicaux, ceux-ci étant également instrumentalisés et financés de l’extérieur.
D’ailleurs la France répète à qui veut l’entendre qu’elle ne sortira pas du Mali, ni du Sahel et qu’elle se prépare à une guerre de haute intensité. Qui d’autre que l’Algérie est visée par ces menaces à peine voilées ?
C’est en effet la seule puissance de la région qui nécessiterait de mobiliser de grands moyens pour la confronter (les Russes n’ont que quelques instructeurs sur le terrain). C’est également le seul pays qui est sur tous les dossiers régionaux (Lybie, Mali, Sahara Occidental, etc) et qui lui fait ombrage, l’un voulant la stabilité et l’autre le chaos.
Justement critiquée et décriée sur ces dossiers, la France pousse son vassal, le Maroc pour la remplacer et jouer, en quelque sorte, le rôle du « flic gentil » après le passage du flic méchant. Mais là encore, cette stratégie ne résistera pas à l’épreuve de la réalité et de la nature intrinsèquement coloniale de ces états (le Maroc occupe illégalement le Sahara Occidental, et ne reconnaîtra l’indépendance de la Mauritanie qu’en 1969). Alors que le Maroc prétend respecter la souveraineté des pays, il n’a pas hésité, à l’appel de ses suzerains, à participer aux agressions de l’Irak, du Yémen, en Côte d’Ivoire au côté de la France pour renverser Laurent Gbagbo.
Or dans les déclarations des officiels de l’Algérie et du Mali, on assure que la porte du dialogue n’est pas fermée. Ainsi la France est invitée à profiter de sa proximité historique et géographique pour bâtir un partenariat gagnant-gagnant dans l’intérêt, le respect et au bénéfice des peuples respectifs. Et si elle ne veut pas connaître les affres d’un effondrement programmé, et se voir disparaître définitivement, elle devra entendre la voix de la raison, celle de l’Algérie, et du Mali.