Le racisme, c’est l’idée selon laquelle certaines personnes en raison de leur appartenance raciale, devraient être reconnues naturellement supérieures et d’autres, supposées inférieures. C’est une idéologie qui transforme les différences raciales en facteur d’hiérarchisations, d’inégalités, de discriminations donc d’injustices. L’extrême-droite européenne qui a longtemps supposé que le juif serait par nature un corrupteur, l’Africain proche de la bête, le maghrébin paresseux… en est la parfaite illustration. Elle suppose malgré le ridicule, que la civilisation blanche est la civilisation supérieure. Le nazisme, le fascisme, l’apartheid et tant de maux antisociaux sont issus de cette pathologie.
Mais lorsque le racisme est orienté contre une communauté particulière, ça mérite d’être identifié et dénoncé comme tel. La Shoah n’était pas que du racisme, mais bien plus. Au-delà de son caractère discriminatoire, c’était un projet qui visait l’extermination du Peuple Juif pour sa judéité. De petits aigris rongés par la jalousie de voir les plus méritant réussir, ont bénéficié de la complicité d’un régime de terreur pour déployer toute leur haine. Il faut donc réserver à l’antisémitisme, une qualification, une prévention et une riposte particulières.
Cependant, en dénonçant l’antisémitisme, l’honnêteté intellectuelle voudrait que nous en fassions de même contre cette bestialité nauséabonde que subissent les africains et afrodescendants dans le monde, particulièrement aux USA dans les pays arabes et même au Maghreb. En Tunisie ou en Algérie par exemple, tout le monde est le bienvenu sauf les Africains. Les européens y sont installés, les espagnols et les portugais y travaillent, les asiatiques aussi. Tout le monde est le bienvenu sauf les noirs. Les négro-maghrébins eux-mêmes, infériorisés depuis des siècles, sont encore en quête de reconnaissance sur la terre de leurs ancêtres. Des politiques publiques ségrégationnistes sont mises en place pour les maintenir sous le joug d’une domination primaire. Le cas de la Mauritanie en est illustratif. Quant aux migrants africains, ils y sont constamment lynchés comme au moyen-âge. Certaines zones sont un enfer pour l’homme noir. Et tout ça, dans une impunité et une duplicité totale de la communauté internationale.
Quant aux USA, c’est le parcours de ce pays qui s’est construit sur le mépris des Afrodescendants. De l’esclavage à la ségrégation raciale, jusqu’au racisme institutionnel… aujourd’hui le peuple américain dans sa diversité se bat aujourd’hui encore contre les crimes racistes visant le même peuple aux USA. Les latinos, les asiatiques, même les immigrés européens ne subissent pas ce traitement de citoyens de second ordre réservé aux Afro-américains dont les ancêtres ont pourtant contribué à la fondation de la Nation américaine. Tenez ! Pour l’année 2019-2020, environ 479 assassinats ont visé les Afro-américains. Et rares sont ceux furent condamnés à ce jour. De l’impunité comme réponse au racisme institutionnel.
Il est désormais clair que le problème, ce n’est pas l’immigration. Parce qu’aux USA, les immigrés européens sont mieux traités que les Afro-américains dont pourtant les ancêtres ont contribué à la fondation de la Nation américaine. Le problème ce n’est pas l’immigration, puisqu’en Europe, l’on criminalise l’immigration seulement lorsqu’il s’agit des uns, sinon on l’encense lorsqu’il s’agit des autres. Le cas de la guerre en Ukraine est une parfaite illustration. En vérité, le problème c’est la negrophobie. Il ne devrait plus y avoir de tabou à reconnaître cela.
Loin de moi toute idée de comparaison ou d’hiérarchisation des douleurs, je voudrais ici interpeller la conscience des décideurs du monde sur la qualification particulière des crimes racistes de type négrophobe. Je voudrais alerter sur la souffrance de millions d’individus à travers le monde. Les peuples du monde constituant une seule grande famille, toute nation ayant fondé son modèle de société sur le mépris de l’homme noir devrait être sanctionnée par des mécanismes juridiques prévus par le droit international. Parce que pour que subsiste la civilisation universelle, les crimes qui visent particulièrement les afrodescendants doivent faire l’objet d’une préoccupation et d’une qualification particulières.
C’est donc en humaniste que je condamne la banalisation de ce crime, tout comme j‘ai par le passé condamné l’antisémitisme, l’islamophobie ou même le racisme anti-blanc. J’invite au nom de la famille progressiste panafricaine, à la fin du tabou et à la qualification pénale de la negrophobie comme crime raciste. Ainsi, les décideurs du monde s’humaniseraient à apporter des mécanismes structurels de prévention et de réparation contre la souffrance d’un peuple qui a nourrit et civilisé le monde. La nouvelle génération panafricaine y veille!