Dans un entretien accordé ce vendredi à France 24 à partir d’Addis-Abeba, le chef de la diplomatie algérienne Ramtane Lamamra évoque les questions du Sahel, le Sahara Occidental, le Maroc et les relations algéro-françaises.
Au sujet de la question de mémoire, source permanente des tensions entre les deux pays la cohérence de l’histoire voudrait que l’indépendance de l’Algérie soit accompagnée de la restitution de son patrimoine matériel et immatériel, se demandant au passage comment un pays dit civilisé continue d’exposer des crânes des héros de la résistance algérienne , comme trophées de la colonisation.
Au sujet des relations entre l’Algérie et la France , Ramtane Lamamra estime que les relations entre Paris et Alger sont « dans une phase ascendante ». Interrogé sur l’éventuelle participation du président Tebboune au sommet de l’UE-UA de Bruxelles prévu les 17 et 18 février prochain , le chef de la diplomatie algérienne,indique qu’il n’exclut rien.
S’agissant de la requête française d’accepter le rapatriement d’algériens expulsés par les autorités françaises; Ramtane Lamamra appelle de ses vœux les autorités françaises à mieux traiter les Algériens menacés d’expulsion, démentant que l’Algérie refuse d’accueillir ses ressortissants. Il regrette l’appel d’Emmanuel Macron à ce que les autorités algériennes reconnaissent le massacre d’Européens à Oran en juillet 1962, soulignant que c’est aux historiens de se pencher sur ces questions. Il dit espérer un geste de la France, notamment de restitution d’archives ou d’objets.
Le chef de la diplomatie algérienne critique l’attitude belliqueuse du Maroc, affirmant que le royaume alaouite met en danger la région en y faisant jouer un rôle à Israël. Selon lui, l’Algérie ne commencera pas une guerre contre son voisin mais agira en légitime défense. Ramtane Lamamra regrette la reconnaissance par l’ancien président américain Donald Trump de la marocanité du Sahara, mais relativise la décision de l’administration Biden de ne pas revenir sur cette position.
Le ministre appelle à une solution diplomatique et africaine à la crise sahélienne, tout en souhaitant une meilleure coordination avec les acteurs internationaux. Il réaffirme que l’Algérie a proposé au gouvernement malien une transition d’une durée maximale de 16 mois, soutenue par l’UA. Et attend que des négociations s’ouvrent sur cette base.
Ramtane Lamamra assure que le sommet de la Ligue arabe qui devait se tenir en mars en Algérie s’y tiendra bien, laissant entendre que la date symbolique du 1er novembre sera proposée aux dirigeants de la Ligue. Il accuse enfin le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki, de « faute » pour avoir décidé, sans consultation, d’octroyer à l’entité sioniste,le statut d’observateur à l’UA.