Dans une interview accordée à ‘’Jeune Afrique’’ à la date du 16 novembre dernier, le président français, Emmanuel Macron, a enlevé le rideau sur son visage concernant l’élection présidentielle du 18 octobre 2020 en Guinée. Le président guinéen Alpha Condé devient ainsi l’objet d’abomination d’Emmanuel Macron, mais par sorcellerie, chérit ouvertement le président ivoirien, Alassane Ouattara pour sa réélection – qui a fait couler le sang des Ivoiriens. Dans cette approche hautement géopolitique, la France de la culture gaulliste, ne serait toujours pas prête à pardonner la Guinée, à cause des positions téméraires des dirigeants guinéens de l’époque [Ahmed Sékou Touré et Cie] lors des Assises de Brazzaville de janvier-février 1944.
Emmanuel Macron, interrogé par »Jeune Afrique » sur la réélection d’Alpha Condé : « je pense que la situation est grave en Guinée pour sa jeunesse, pour sa vitalité démocratique et pour son avancée », a déclaré le président français. Et plus loin, Emmanuel Macron clarifie sa position concernant Alpha Condé. « Le président Condé a une carrière d’opposant qui aurait justifié qu’il organise de lui-même une bonne alternance. Et d’évidence, il a organisé un référendum et un changement de la Constitution uniquement pour pouvoir garder le pouvoir. C’est pour ça que je ne lui ai pas encore adressé de lettre de félicitations », a affirmé le géniteur la République En Marche !
Emmanuel Macron réveille le patriotisme guinéen !
Le peuple de Guinée est historiquement nourri d’un ressentiment national contre la France. C’est une vieille rancune née de la décolonisation de la Guinée en 1958. Ahmed Sékou Touré et ses compagnons de lutte ont défié tous les arguments spécieux du Général De Gaulle pour éviter que la nation guinéenne n’adhère à l’Union française, dont la France est conçue comme la « mère-patrie ».
Emmanuel Macron, s’attaquant ouvertement à Alpha Condé pour sa réélection, laisse naître grandement le sentiment anti-français en Guinée. Le Non du peuple de Guinée au référendum de 1958 est ancré désormais dans l’approche de la diplomatie guinéenne. C’est un peuple qui s’est révélé fier de par son histoire et par sa culture.
La position de Sékou Touré lors des Assises de Brazzaville en 1944 révèle la rancune de la France contre la Guinée
[En janvier-février 1944, se tinrent à Brazzaville, les assises de la conférence dite de Brazzaville. D’aucuns présentèrent naïvement comme le signe d’une volonté de libération par la France des pays africains arbitrairement dominés par elle ; il y fut arrêté des dispositions subtiles tendant à transcender les contradictions nées de la guerre, à contourner ce que l’on considérait alors comme les effets incohérents et passagers d’une prise de conscience de nos pays, dispositions qui, sous des arguments spécieux, devaient aboutir à « l’assimilation ». Il est vrai qu’on y décida l’élaboration d’une constitution, la Constitution de l’Union Française qui ouvrait des perspectives d’égalité dans les rapports entre les colonisés et les colonisateurs. Mais très rapidement l’esprit qui avait présidé à l’élaboration de ce premier projet de constitution de la IVe République Française fut abandonné au profit d’une union symbolique maintenant, pour l’essentiel, l’ancien système d’oppression et d’exploitation, et ne réservant, en fait, aux territoires « unis » à la France des bribes de liberté. En réalité on s’en tint purement et simplement au concept » assimilationniste » qui devait pérenniser le système d’administration directe issu de la conquête coloniale. En fin de compte c’est ainsi que la constitution de «l’Union Française » fut élaborée. Le premier projet fut rejeté, tout simplement parce qu’il comportait une disposition inadmissible pour les exploiteurs, à savoir le principe de l’accession à l’indépendance. Il ne pouvait être question de reconnaître aux colonies le droit de faire déboucher leur évolution, même dans un lointain avenir, sur l’exercice libre de leur souveraineté (…) ], écrivait le syndicaliste Ahmed Sékou Touré, dans son tome (VIII), ‘’l’Afrique et la Révolution’’, concernant la position des leaders guinéens lors des assises de Brazzaville.
N’Faly Touré (avec Archives de Sékou Touré/tome VIII l’Afrique et la Révolution)