La Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) a été créée en décembre 2021 pour examiner les infractions économiques et financières d’au moins un milliard de francs guinéens. Elle est composée de dix-neuf membres qui ont pris leurs fonctions le 21 janvier 2022. Elle comprend également un parquet représenté par un procureur spécial, Aly Touré, et ses substituts.
Bien que la création de la CRIEF ajoute des tâches lourdes à la transition, l’immédiateté de ses enquêtes sur plusieurs dossiers suscite des interrogations que l’opinion publique ne comprend pas. Des personnalités telles que l’ancien Premier ministre Dr Ibrahima Kassory Fofana et ses coaccusés ont déjà passé plus de 8 mois en prison, bien que la CRIEF pointe désormais un procès à l’horizon.
Au-delà des arguments légaux que la CRIEF brandit à travers le procureur spécial, il y a aujourd’hui des questions ou des points importants qui entrent dans le cadre d’un tel dossier d’envergure, surtout en matière de présumés crimes économiques, qui amènent le commun des mortels à se poser des questions légitimes.
Les spécialistes savent que les enquêtes sur les présumés détournements économiques peuvent être complexes et requièrent une approche méthodique et rigoureuse. Voici donc sept questions légitimes que l’on peut se poser à propos de la CRIEF :
1- La Crief a-t-elle identifié les sources d’informations ? Les sources d’informations peuvent inclure des documents financiers, des témoignages, des entretiens avec des cadres qui ont travaillé avec les accusés sur certains dossiers, des clients ou des fournisseurs, des enquêtes publiques et des audits.
2- La Crief a-t-elle constitué une équipe compétente ? Les enquêtes sur les détournements économiques nécessitent souvent une équipe d’experts comprenant des enquêteurs, des avocats, des comptables, des spécialistes de la sécurité informatique et d’autres professionnels.
3- La Crief a-t-elle élaboré un plan d’enquête ? Il doit décrire les objectifs, les méthodes d’enquête, les ressources nécessaires et les délais. Il doit également inclure des protocoles de sécurité pour protéger les informations confidentielles.
4- La Crief a-t-elle collecté des preuves ? Les preuves peuvent inclure des documents, des e-mails, des relevés bancaires, des témoignages et des traces informatiques.
5- La Crief a-t-elle analysé les preuves ? Les preuves doivent être analysées pour identifier les transactions suspectes, les activités illégales et les éventuelles preuves de complicité.
6- La Crief a-t-elle confronté les suspects ? Si les preuves sont suffisantes, les suspects doivent être confrontés avec les preuves et interrogés.
7- La Crief a-t-elle préparé un rapport ? Le rapport doit décrire les conclusions de l’enquête, les preuves et les recommandations pour des actions futures.
Il est important de souligner que les enquêtes sur les détournements économiques peuvent être longues et complexes. Les enquêteurs doivent travailler en étroite collaboration avec les autorités judiciaires pour assurer que les enquêtes sont menées conformément à la loi spéciale créée à l’occasion et que les suspects sont traités équitablement.
Par Ives Conté
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