Lorsque la Cour de justice de la Cedeao a ordonné, le 16 octobre 2023, la libération immédiate et sans condition des anciens dignitaires Ibrahima Kassory Fofana, Dr Mohamed Diané et Oyé Guilavogui, elle a condamné l’Etat guinéen au paiement à chacun d’entre eux d’une somme de 10 mille dollars américains au titre de dommages et intérêts.
Face à ce tournant décisif, les conseils du régime de la Transition ne devraient pas mettre sous silence que cette décision est insusceptible de recours. Ils devraient plutôt accepter d’expliquer à qui de droit que la Crief a perdu un round mais pas le combat qu’elle mène contre les présumés criminels économiques. Que la victoire de Kassory, Diané et Oyé sur la méthode d’arrestation et détention utilisée par la Crief ne jette pas le discrédit sur l’ensemble du beau travail que fait la Crief. Que par cette décision, elle ne donne pas l’impression que la Crief ne doit pas continuer à faire cracher les caïmans, les vautours et les autres criminels en cravate qui ont enlevé aux citoyens le pain de la bouche. Elle enseigne que la Crief aussi n’est pas censée ignorer la loi. Et qu’en conséquence, la victoire qu’elle accorde au trio consiste à condamner un seul acte de cette cour de justice pénale afin de la contraindre à prêter désormais une attention spéciale au respect du droit des accusés à la présomption d’innocence.
Sa décision étant exécutoire, la Cour n’accorde à l’État guinéen qu’un délai de trois mois, à compter de la notification de l’arrêt, pour s’exécuter. A l’avenir, nous devrions donc veiller à ce que ces gros bonnets soient en résidence surveillée.
Par Alpha Abdoulaye Diallo in Le Populaire du lundi 23 octobre 2023