TRIBUNE – En Afrique, le conflit politique naît de l’entêtement des dirigeants qui ignorent l’évidence. La Guinée en question est dans un état d’anomalie politique depuis la montée de la démocratie en Afrique, qui a ouvert la voie au multipartisme. Cette situation s’est abattue sur le RPG d’Alpha Condé et à d’autres organisations politiques qui ont avalé la coupe de la dictature militaire de Lansana Conté. Mais pour se réconcilier, une idée impérieuse a toujours été de ramener les parti politiques dominants à la table des négociations pour éviter des déchirures inutiles dans le pays. Surtout, parce que ces formations politiques sont centrées autour d’extrémistes tribaux.
Par conséquent, un comportement unilatéral du pouvoir crée inévitablement une crise. Raison pour laquelle cette transition due au putsch du 5 septembre 2021 devait être inscrite sous le sceau d’une rectification institutionnelle, c’est-à-dire poser la seule action pour se préoccuper uniquement à recoudre le fil d’une alternance à travers l’organisation d’élections libres et transparentes à un délai raisonnable.
Il est important de rappeler que l’armée n’a pas vocation à interagir dans l’espace politique, quelle que soit sa volonté évidente. Aussi, elle ne doit pas s’émanciper pour se donner un quelconque argument en vue de créer des enjeux nationaux de préoccupation commune, notamment c’est le cas de la lutte contre la corruption qu’elle entend faire jusqu’au bout. Car, il y aura toujours un problème de légitimité de leurs actions après cette transition.
Si l’histoire était à refaire au Ghana, Kwame Nkrumah n’allait pas chuter en 1966. Car, il fut après sa mort auréolé par le président Jerry Rawlings à cause de ses bonnes œuvres, qui édifia en son honneur un mausolée. En décembre 2010, le président John Evans Atta Mills fait la même chose, en rebaptisant un champ pétrolifère au nom de Kwame Nkruma.
Le coup d’Etat en Afrique est toujours un coup de grâce au développement et au progrès, à moins qu’il ne vise à restaurer démocratiquement les institutions républicaines. Le cas actuel de la Guinée, sous le colonel Mamadi Doumbouya, mérite un débat sérieux pour éviter au pays un lendemain malheureux.
La vérité est que les putschistes n’ont ni les moyens ni le temps de restaurer la santé de la Guinée en 39 mois. Un exemple suffit : vous ne pouvez pas prétendre tenir des assises nationales sur « la vérité et le pardon » en même temps faire germer la justice dans toutes les directions. C’est une démarche contre la paix. Ne pas le savoir, c’est être charlatan. Raison pour laquelle il est nécessaire aujourd’hui que la junte s’active rapidement à proposer la faisabilité des élections libres et transparentes pour que la Guinée poursuive sa démarche inaltérable pour son développement.
Par Sékou Keita
Politologue