Pendant les transitions politiques, sauf dans le cas où un président civil est en place, les militaires cherchent toujours un Premier ministre expérimenté afin de diriger la transition avec succès et éviter tout désastre politique.
C’est actuellement le cas au Mali, où Choguel Maiga, un ancien membre de l’opposition, est à la tête de la transition en tentant de concilier les militaires au pouvoir et l’opposition, qui se plaint de la rhétorique sécuritaire qui est avancée par les militaires.
En Guinée, contrairement à ce qui s’est passé au Mali, la transition en cours n’est pas le résultat d’une révolution populaire, mais plutôt d’un coup d’État militaire. Dans le passé, ce type de prise de pouvoir a souvent conduit à une instabilité politique, comme cela s’est produit au Burkina Faso avec le renversement de Blaise Compaoré par une révolution populaire. Les militaires ne peuvent pas prétendre avoir une légitimité parfaite pour gouverner. Même lorsque Damiba avait le soutien de la Cédéao et de la communauté internationale, il a été déposé par un jeune capitaine, car il n’avait pas le soutien populaire.
En effet, la légitimité populaire est la base de tout pouvoir politique. Elle est le fondement de la sécurité politique pour tout dirigeant. Bien qu’Alpha Condé ait été déchu de son pouvoir, il continue de bénéficier d’un important soutien populaire, notamment en raison du retournement de situation en sa faveur.
Il est donc urgent que le CNRD nomme un Premier ministre expérimenté, capable de proposer des solutions pour sortir rapidement de la crise artificielle créée par certains membres de l’opposition favorables à l’exclusion. Un Premier ministre sage serait en mesure de calmer les tensions et de proposer des solutions rapides, c’est l’avis d’un câble diplomatique sous l’anonymat.
C’est pourquoi certains Guinéens estiment que le CNRD devrait nommer Sékou Kouréissy Condé, ancien ministre de la Sécurité de 1997 à 2000 et fondateur du parti Alliance pour le Renouveau (ARENA) en 1993. Il a été contraint à l’exil et a enseigné la résolution de crises et de conflits politiques à l’Université Columbia et à l’Université de New York.
En fin de compte, personne d’autre que les Guinéens eux-mêmes ne pourront résoudre la crise actuelle si la volonté des autorités n’est pas sincère. Cela commence par le remplacement du Premier ministre actuel pour ouvrir la voie à une transition réussie.
Par Ives Conté
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